Cet ouvrage pense la relation entre l’« exégèse critique » et l’« histoire de la réception », devenue un courant dominant des sciences humaines, qui pénètre peu à peu les « sciences » bibliques. Généralement les deux domaines sont séparés par des frontières étanches. Véritable festival de l’intelligence critique et croyante, ce livre présente plusieurs passages bibliques célèbres et l’histoire des variations dans leurs interprétations au fil siècles : comment le Cantique des Cantiques agit-il comme un archet qui fait entendre une musique même et différente ? Comment un verset de Paul, où il est question de travailler pour manger, put avoir les conséquences concrètes les plus diverses dans la vie quotidienne de millions de personnes, selon qu’il fut invoqué par les instaurateurs de la vie monastiques, les tenants du libéralisme ou les défenseurs des masses laborieuses ? Régis Burnet tord le cou de l’« obstacle épistémologique » qu’est l’historisme, dont il montre la permanence jusque dans l’exégèse contemporaine. Françoise Mies offre une synthèse exceptionnelle de l’exégèse critique et de la réception du verset le plus célèbre du livre de Job. Madeleine de Jessey fait revivre autour du somptueux récit de David et Bethsabée le burlesque biblique oublié de Voltaire, très intelligemment comparé à l’ironie de Gide et à l’humour de Claudel. Un bref essai sur l’unité de l’Écriture dans la diversité de ses livres pose la question latente dans toute interrogation sur l’unité du Livre, peut-être la plus refoulée de l’exégèse moderne : celle de l’unité christologique de toutes les Écritures.(éditeur)